quinta-feira, 13 de março de 2008

"Diviseurs de la gauche" contre "cocos rétrogrades" : à Aubervilliers, le climat se tend entre PS et PCF




Les uns, militants communistes, sont aux quatre coins de la place devant la mairie, tracts à la main. Les autres, socialistes, se sont regroupés au café, comme pour échapper à la pression. Ils ne se croisent pas mais se surveillent de près. Les uns stigmatisant les "diviseurs de la gauche", les autres "les cocos rétrogrades".

Le climat s'est largement dégradé à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), mercredi 12 mars, depuis que le candidat PS, jusqu'ici adjoint au maire, Jacques Salvator, a décidé, mardi, de se maintenir contre le maire PCF, Pascal Beaudet, déclenchant une quadrangulaire au second tour. 348 voix ont séparé les deux hommes. Assez pour que le PS juge la ville à portée de main.
Les communistes tiennent cette banlieue populaire depuis 1945 et la gouvernent avec le PS depuis 1965. Mais à entendre les socialistes revenus de leur "tractage" dans les cités, "il est temps que ça change". Ils rechignent à donner leur nom mais sont sans frein quand il s'agit de parler des "attentes" des électeurs. "On nous répète qu'il faut que ça change. Ça pousse de partout", assure un grand brun.
"On veut faire comme à Pantin [où le PS a ravi la mairie au PCF en 2001] ", renchérit une petite femme bien mise. "Aubervilliers ne doit pas rester ad vitam aeternam communiste", juge Jacques Salvator. Cet ancien médecin de 59 ans, aux faux airs de Gérard Jugnot, explique en avoir assez de subir les diktats de Jean-Jacques Karman, pilier de l'aile orthodoxe au sein du groupe municipal PCF. A l'entendre, il exercerait une influence trop forte sur le maire."JE PRÉFÈRE NE PAS LES CROISER"
M. Karman concentre toutes les critiques. Les socialistes ont même demandé sa tête à Pascal Beaudet qui a accepté, quelques heures avant le dépôt des listes, de ne pas en faire son premier adjoint. En vain : la liste socialiste était déjà prête. "On a besoin d'ouvrir Auber , avec des politiques d'équipements et de services en partenariat avec le privé ", assène M. Salvator.
Les explications laissent le maire interdit. "On construit des logements, des écoles. On a réussi à arracher la continuation de la ligne 7 du métro, une piscine olympique, l'installation de l'Ecole des hautes études en sciences sociales [Ehess]. On l'a décidé avec les socialistes. C'est tout sauf une politique fermée !", récapitule M. Beaudet.
Mais surtout, il dit ne pas comprendre le maintien de son adjoint. "Les primaires au premier tour, pourquoi pas. Mais je suis arrivé en tête ! Salvator n'a pas de projet différent du mien", assure-t-il en rappelant qu'en 2004, aux cantonales, la candidate PCF, arrivée avec 50 voix derrière le PS, s'était retirée, "par discipline républicaine". Beaucoup d'anciens sont revenus pour la campagne. Comme ce retraité "ancien FTP" : "Je me suis souvent battu contre mes propres camarades parce que j'ai l'unité de la gauche chevillée au corps. Mais là, c'est scandaleux !", assure Louis Breuvart.
"Ça me choque tellement que j'ai repris du service", témoigne Jean-Luc Henry, cinquantenaire au chômage. La colère est palpable. "Je préfère ne pas les croiser. C'est tellement déloyal", renchérit Sylvie Duca, une "ex", tracts à la main. La direction nationale a dépêché des renforts. "Ça va être dur", lâche un militant.
Sylvia Zappi - Le Monde, 13/03/08

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